Dans
la cuisine de ma grand-mère au plafond bas, une fin d’après-midi d’été, les
volets encore clos laissaient filtrer des rayons de lumière obliques. Dans l’immensité
calme ne résonnait qu’un robinet mal fermé. Une goutte. A peine. Diluant la
durée. Suivie d’une autre lointaine. Et d’une autre cristalline. Et d’une autre
encore… faisant à la longue un vacarme vaporeux atteignant par ondes
successives les murs colorés, schofar tremblé dans l’air ambiant communiquant
leur coulure au reste environnant. Les murailles s’effondraient
imperceptiblement sans tomber, entraînant les buffets, le potager de marbre,
les casseroles appendues au mur par taille décroissante, la faïence de l’évier,
transformant tout, sous mes yeux d’enfant, en fabuleuses promesses d’avenir.
Le récit minéral présent et
coloré du passé projette dans l’espace, l’image concrète de l’avenir. »